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Permaculture et Urbanisme: la ville comme un écosystème - Petit déjeuner organisé par l'AFITE le 8 novembre 2022

L'AFITE organisait, le 8 novembre 2022 un petit déjeuner sur le thème de la permaculture appliquée à la ville durable, avec Didier DELY, Administrateur de l'AFITE, Président-fondateur d'Ethicité, ancien directeur général de l'eau et de la propreté à la Ville de Paris et ancien directeur général de la SEMAEST.

Permaculture et Urbanisme: la ville comme un écosystème

Avec Didier DELY, Administrateur de l'AFITE, Président-fondateur d'Ethicité, ancien directeur général de l'eau et de la propreté à la Ville de Paris et ancien directeur général de la SEMAEST

Petit déjeuner organisé par l'AFITE le mardi 8 novembre 2022

 

Didier Dely, diplômé de l'École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP) a effectué la plus grande partie de sa carrière à la Mairie de Paris et pour les collectivités parisiennes où il a occupé différents postes, notamment directeur général de l'eau et de la propreté... Il a été directeur général de la SEMAEST, société d'économie mixte de la Ville de Paris au service des territoires. Il a également dirigé la coopération internationale de la ville et a été détaché durant 4 ans au Brésil avec statut diplomatique. Aujourd'hui à la tête d'Ethicité, il accompagne les collectivités et les aménageurs urbains, en particulier dans la revitalisation des centres-villes et dans un développement urbain éco-responsable. Il est délégué territorial de la Fondation du patrimoine pour le Morvan et depuis peu, juge assesseur du Conseil d'État à la Cour nationale du droit d'asile. Il s'est passionné il y a quelques années pour la permaculture, dont il met en pratique les préceptes dans son potager dans le Morvan.

Préambule : non, la permaculture n'est pas qu'une méthode de jardinage !

En général, lorsqu'on parle de permaculture, les auditeurs comprennent cultures, agriculture, potager, voire « buttes de permaculture », puisque c'est la culture sur butte qui a popularisé la permaculture (nous en reparlerons ultérieurement), mais la permaculture va bien au-delà de cela.

Issue de la contraction de « permanent » et « culture », la notion de permaculture a été conceptualisée dans les années 70 par deux Australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Le premier d'entre eux la définit comme « une démarche de conception éthique visant à construire des habitats humains durables en imitant le fonctionnement de la nature. ». Imiter le fonctionnement de la nature, on appelle aussi cela le biomimétisme.

Cette notion s'appliquait à l'origine au seul domaine de l'agriculture, mais elle a été très vite élargie à tous les domaines de notre vie quotidienne et désigne une méthode de conception des activités et espaces humains qui permet d'assurer leur résilience et leur durabilité d'un point de vue écologique, économique et social. Il s'agit, d'essayer de tirer l'enseignement de la manière dont des écosystèmes naturels fonctionnent et interagissent pour créer des écosystèmes artificiels, tels que la ville, car nous verrons qu'elle n'est rien d'autre qu'un écosystème artificiel.

Holmgren et Mollison expliquent que la permaculture se trouve à la conjonction entre 3 grands principes : la préservation de la nature, la préservation de l'humain et le partage équilibré des ressources.

Ces trois principes éthiques se déclinent en 12 principes de conception :

  1. Observer et interagir : l'observation est essentielle en permaculture. Elle nous permet de concevoir des solutions qui correspondent à notre situation et de nous affranchir de vérités et valeurs présentées comme absolues.

  2. Collecter et stocker l'énergie : il est important de développer des systèmes qui permettent de collecter et stocker l'énergie et les ressources tant qu'elles sont abondantes afin de pouvoir continuer à en bénéficier quand l'abondance saisonnière diminue et se dissipe.

  3. Obtenir des résultats : s'assurer que l'on reçoit une récompense pour le travail accompli, que ce soit sous la forme de ressources produites, d'un revenu ou d'un profit, afin d'entretenir le système qui la génère et le rendre prospère.

  4. Appliquer l'auto-régulation et accepter la rétroaction : la rétroaction, qu'elle soit positive ou négative, est l'ensemble de signaux que la nature nous envoie suite à nos comportements et actions envers elle. En permaculture, on s'assure que le système pourra continuer de fonctionner correctement en dissuadant les activités néfastes et en pratiquant l'auto-régulation.

  5. Utiliser et valoriser les ressources et services renouvelables : il faut faire la meilleure utilisation possible de l'abondance de la nature afin de réduire notre comportement consommateur et notre dépendance face aux ressources non renouvelables. En faisant cela, nous préservons les systèmes et processus biologiques qui représentent déjà le meilleur équilibre entre productivité et diversité.

  6. Ne pas produire de déchets : ou, pour le moins, produire aussi peu de déchet que possible en trouvant une valeur et une utilité à chaque ressource disponible. L'entretien de ce dont nous disposons doit devenir une préoccupation majeure afin d'éviter le gaspillage et les grands travaux de réparations et d'entretien coûteux en travail.

  7. Concevoir en partant du général pour aller aux détails : prendre du recul afin d'avoir la vue d'ensemble nous permet d'en faire la colonne vertébrale de notre système. Les détails peuvent ensuite venir se rajouter au fur et à mesure des progrès.

  8. Intégrer plutôt que séparer : des relations mutuelles et symbiotiques se développeront si l'on place les bons éléments aux bons endroits, ce qui leur permettra de travailler ensemble et s'entraider au lieu d'être en concurrence les uns avec les autres.

  9. Utiliser des solutions lentes et à petite échelle : il est préférable d'établir des systèmes lents et petits, qui seront plus faciles à maintenir que des gros, et produiront des résultats durables tout en faisant un meilleur usage des ressources locales. Patience est mère de vertu, dit-on.

  10. Utiliser et valoriser la diversité : la diversité réduit la vulnérabilité du système face aux aléas de la nature et tourne à son avantage la nature unique de l'environnement dans laquelle elle réside.

  11. Utiliser les interfaces et valoriser les zones de bordures : les endroits où deux éléments différents se rejoignent sont les plus intéressants et les plus productifs.

  12. Utiliser le changement et y répondre de manière créative : en observant attentivement les changements inéluctables qui se produisent dans la nature et en intervenant au bon moment, notre impact peut être positif.

La roue permaculturelle

Les principes de la permaculture ont été déclinés, toujours par Holmgren et Mollison, sous forme d'une fleur, ou d'une roue permaculturelle qui répertorie tous les créneaux du développement humain qui sont mis en œuvre de manière itérative dans la démarche de conception permaculturelle.

L'illustration ci-dessous recense un certain nombre d'initiatives en matière de permaculture, classées par domaine clef.

Dans le domaine de l'habitat, par exemple, on trouve l'autoconstruction, l'utilisation de matériaux naturels, locaux ou recyclés, les maisons passives ou bioclimatiques, la phyto-épuration des eaux usées, la collecte et réutilisation de l'eau, l'habitat léger, la construction et la rénovation écologique...

Pour le secteur touchant les finances et l'économie, sont cités les exemples suivants : l'épargne solidaire et le commerce équitable, les monnaies locales et régionales, le troc, les marchés de producteurs et AMAPs (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne), le Woofing qui consiste à travailler au sein d'une ferme biologique en échange du gîte et du couvert, le covoiturage et les voitures partagées, les financements participatifs, etc.

 

Roue permaculturelle

Roue permaculturelle et exemples d'initiatives en matière de permaculture

 

La démarche permaculturelle pour (re)penser la ville

Les mille-feuilles administratifs et politiques, obstacles à la vision globale

La Loi « Notre » du 7 août 2015 a contribué à créer un véritable un mille-feuille administratif, avec, souvent, une difficulté de dialogue entre les acteurs, ce qui va à l'encontre des principes permaculturels : intégrer plutôt que séparer, interagir et accepter la rétroaction. Cela fait obstacle à la vision globale des problématiques et rend difficile le montage des projets compte, tenu de la multitude d'interlocuteurs qui non seulement ne se parlent pas, sont jaloux de leurs prérogatives, mais peuvent également avoir des intérêts très opposés.

 

Loi NOTRe

Compétences territoriales dans le cadre de la loi sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe).

 

La solution, dans un monde idéal, ne serait pas de supprimer tous ces échelons et de tout regrouper parce que le centralisme n'est jamais démocratique, ce serait d'avoir l'obligation de fonctionner en mode projet, avec un groupe de projet réunissant tous les acteurs, qui, s'ils sont absents, sont présumés avoir accepté les décisions du groupe.

De la même façon, dans tous les domaines, il faut réinventer le processus de fabrication de projet afin de passer d'une approche séquentielle à une approche intégrée dans laquelle l'architecte, le maître d'ouvrage, l'AMO, les entreprises, et même les usagers sont réunis au sein d'une entité dont le seul but est la réussite de l'opération.

La notion d'écosystème

Un écosystème est « un système biologique qui incorpore une communauté vivante à son environnement ».

La ville peut donc être considérée comme un écosystème artificiel, qui incorpore une communauté vivante, constituée des habitants et de l'ensemble du biotope.

Cependant, à la différence d'un écosystème naturel :

  • La ville ne capte pas l'énergie solaire qu'elle reçoit pour l'utiliser, elle est contrainte d'importer son énergie des ressources fossiles provenant de l'extérieur.

  • La ville ne capte pas l'eau qu'elle reçoit pour l'utiliser : en raison de l'imperméabilité des sols urbains, la moitié est directement évacuée avec les eaux usées tandis que l'autre moitié s'évapore sous l'effet de la chaleur ou de l'évapotranspiration des plantes. Elle est donc obligée d'importer son eau de l'extérieur via des sociétés de distribution et des canalisations.

  • La ville possède un sol-substrat, mais il est en grande partie bétonné. Au lieu de stocker l'énergie solaire en la transformant en plantes, elle se transforme en chaleur, surchauffant les villes en créant des îlots de chaleur urbains.

  • La ville possède des communautés d'êtres vivants mais, en lieu et place d'une diversité d'espèces, l'Homme occupe une place prédominante sur le reste.

  • La ville est contrainte est d'importer la grande majorité de l'alimentation pour nourrir ses communautés.

  • La ville produit des déchets mais, au lieu de recycler ou de les dégrader sur place elle les exporte pour les traiter, ou les incinère afin de s'en débarrasser.

Contrairement aux écosystèmes naturels, la ville n'est donc pas autonome en ressources et en énergie et nécessite de nombreuses importations et exportations pour fonctionner.

L'application de la permaculture à la ville vise à réduire au maximum les flux de matières entrant et sortant, et d'accroître ainsi la résilience urbaine.

C'est sur ce constat que Rob Hopkins, enseignant britannique en permaculture, a initié en 2005 le mouvement international des villes en transition, visant à assurer la résilience de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.

Transition : résilience versus action environnementale

Dans son livre, « Manuel de transition - de la dépendance au pétrole à la résilience locale », publié en 2010, Rob Hopkins propose de construire dès maintenant des sociétés écologiques et résilientes, capables de s'adapter aux catastrophes que constituent le pic pétrolier et les changements climatiques, en mettant en œuvre les principes de la permaculture.

D'après R. Hopkins, il faudrait trois caractéristiques pour qu'un système puisse tendre vers la résilience : la diversité, la modularité et la rétroaction directe du système.

C'est ainsi, par exemple qu'en cas d'événement climatique, un agriculteur en monoculture pourra perdre l'ensemble de sa production, tandis qu'un permaculteur à la production diversifiée ne perdra qu'une part de sa production et fera preuve de résilience.

Les principales différences entre l'approche de Rob Hopkins et l'approche environnementale traditionnelle sont résumées dans le tableau ci-dessous.

APPROCHE ENVIRONNEMENTALE CONVENTIONNELLE

L'APPROCHE DE TRANSITION

Comportement individuel

Comportement collectif

Une seule cause à la fois

Holistique

Moyens : lobbying, militantisme et manifestation

Moyens : participation de la population, éco-psychologie, arts, culture et formation créative

Développement durable

Résilience et relocalisation

Motivée par la peur, la culpabilité et le risque d'un choc

Motivée par l'espoir, l''optimisme et l'action préventive

Changement des politiques nationales et internationales par des pressions

Changement des politiques nationales et internationales en rendant les mesures rentables électoralement

Les gens ordinaires sont la source du problème

Les gens ordinaires sont la solution

Campagnes médiatiques grand public

Interventions ciblées

Un seul mode d'implication

Niveaux d'implications diversifiés

Prescriptive : recommande les solutions et les façons de faire

Rôle catalyseur : aucune solution toute faite

Mesure de l'empreinte écologique

Mesure de l'empreinte écologique et indicateurs de résilience

Foi dans la possibilité de croissance économique mais plus « verte »

Préparation d'une renaissance écologique mais locale.

Source : La permaculture appliquée à l'architecture : outil et philosophie pour la résilience urbaine, David Delangh, 2012

Pour en savoir plus sur la permaculture urbaine

Il existe un livre plus récent que ceux de Holmgren et Mollison consacré à la permaculture urbaine, il s'agit de « La permaculture urbaine, sociale et économique - Stratégies pour une transition socio-écologique » de Read Steve, enseignant en permaculture, publié en 2021 chez Terran Editions, qui reprend de manière approfondie les différents points évoqués ci-dessus.

Permaculture et certification en construction

Depuis octobre 2014, dans le sillage de la Clinton Global Initiative, l'IWBI (International WELL Building Institute) délivre partout dans le monde la certification WELL Building StandardTM - plus communément appelée WELL - à tous les bâtiments immobiliers qui favorisent l'harmonie entre bien-être et espaces intérieurs.

Cette certification ne repose pas sur l'impact environnemental de la construction mais sur la qualité de vie pour les usagers.

Elle intègre des critères dans les domaines de la qualité de l'air, de l'eau, la restauration, la lumière, les activités physiques, le confort et le bien-être psychologique.

Mais c'est aussi du jardinage... : c'est quoi, un potager en permaculture ?

L'application des principes de la permaculture au jardin permet de cultiver son potager sans utiliser d'intrants ni de produits phytosanitaires. Les mauvaises herbes (adventices) et les déchets produits sont valorisés sous forme d'engrais ou de paillage, car le sol ne doit jamais être laissé à nu afin d'éviter l'asséchement du sol et la propagation des adventices. La culture peut également se pratiquer sur butte, de formes et avec des fonctionnalités diverses, sous forme d'un Keyhole garden, ou "jardin en trou de serrure" dans lequel le composteur est placé au centre des cultures disposées en cercle, ou encore sous forme d'une « forêt-jardin », ou « jardin-verger », dans laquelle les plantations sont disposées de manière étagée en mélangent arbres, plantes grimpantes, légumes annuels ou bisannuels, champignons, plantes aromatiques, etc.


Publié le 20/01/2023




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