Visite du chantier de forage géothermique profond « Verdy », Le Chesnay-Rocquencourt (78), le 24 septembre 2025

Visite du chantier de forage géothermique profond « Verdy »

Le Chesnay-Rocquencourt (78), le 24 septembre 2025

La géothermie profonde dans le bassin parisien

Le bassin parisien dispose de plusieurs aquifères géothermiques dont la chaleur peut être utilisée pour alimenter des réseaux de chauffage urbain.

Coupe schématique des aquifères profonds du Bassin parisien
(Encylopaedia Universalis sous licence CC BY-NC d'après B.R.G.M., 1978)

Le plus exploité est l'Aquifère du Dogger, qui représente près de 80% de la production de chaleur géothermique chaque année en France. Situé entre 1 500 et 2 000 mètres de profondeur, il couvre la quasi-totalité du bassin parisien et présente des températures variant de 55 à 80 °C. Les propriétés géothermiques de cette nappe sont valorisées depuis les années 1970.

Carte des ouvrages géothermiques profonds en Île-de-France
(Source : France Chaleur Urbaine, d'après BRGM & DRIEAT (juin 2025))

Les ouvrages de géothermie profonde sont généralement constitués de deux forages obliques de directions opposées, qui constituent un doublet et atteignent l'aquifère à environ 1 500 mètres de profondeur.

Les eaux du Dogger sont saumâtres, fortement chargées en sels minéraux et très corrosives, ainsi leur exploitation nécessite un traitement particulier et une surveillance régulière des conduites du doublet.

La chaleur est valorisée à travers des échangeurs thermiques, puis l'eau géothermale est réinjectée dans l'aquifère, où elle se réchauffe de nouveau. Il s'agit donc d'une énergie renouvelable et locale.

 Cependant, l'injection d'eau refroidie (à une température de 30° environ) génère un phénomène de « bulle froide » et une exploitation trop intensive de l'aquifère risquerait de voir la bulle froide se propager vers le puits d'extraction de l'installation, ou un autre ouvrage géothermique à proximité, et d'en réduire l'efficacité. De la même façon, chaque ouvrage peut avoir des incidences en termes de pression sur les ouvrages existants. C'est pour cette raison les forages sont obliques afin d'éloigner le plus possible les points d'injection et d'extraction. Des modélisations poussées doivent systématiquement être réalisées avant le démarrage de tout nouveau projet (ou la modification d'un projet existant) afin de s'assurer que l'impact en termes de pression et de température sur les installations existantes, ou en projet, restent acceptables.

Moyennant un entretien régulier des puits et des équipements, une installation géothermique a une durée de vie de 30 à 40 ans au maximum. À l'issue de cette période, les puits sont rebouchés, ou, si la ressource géothermique est toujours exploitable, le projet peut être rénové, ou transformé (par exemple, en rechemisant les puits, en approfondissant la chambre de pompage ou en créant un « triplet » géothermique avec le forage d'un nouveau puits d'extraction, les deux puits existants étant utilisés pour l'injection).

Les projets géothermiques du Chesnay-Rocquencourt

Deux projets géothermiques, portés par la société ENGIE Solutions et partenaires, sont localisés dans les deux boucles d'accès entre la D186 et la D307, sur la commune du Chesnay-Rocquencourt.

Ils comprennent la réalisation de deux doublets géothermiques dans l'aquifère du Dogger, soit quatre forages à une profondeur d'environ 1 500 mètres et la construction de deux centrales géothermiques indépendantes : le projet « VerdY », situé sur la boucle Ouest, verra sa centrale de production juxtaposée à celle de « Géomy³ », situé sur la boucle Est. Géomy³ a pour vocation d'alimenter la copropriété de Parly2 et certains bâtiments de la ville du Chesnay-Rocquencourt. Sa mise en service est prévue pour 2026.

Le projet Verdy

Le projet VerdY est le résultat d'un partenariat entre ENGIE Solutions, le Département des Yvelines, le Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l'électricité en Île-de-France) et le SEY78 (Syndicat d'Énergie des Yvelines).

La future centrale géothermique VerdY alimentera en chauffage et en eau chaude sanitaire 9 000 équivalents-logements répartis sur les communes de Bailly, Bougival, La Celle-Saint-Cloud, Le Chesnay-Rocquencourt et Noisy-le-Roi.

L'eau sera puisée à une température d'environ 62°C. L'appoint en chaleur nécessaire à la production de chauffage sera apporté par des pompes à chaleur en surface.

Le forage est actuellement en cours et se poursuivra jusqu'à décembre 2025. Les deux puits sont obliques, espacés de 8 mètres en surface et d'environ 1 500 mètres au niveau du réservoir du Dogger. Pour garantir la solidité des puits, le travail se fait par étapes alternées : on fore d'abord une tranche d'environ 500 mètres sur le premier puits, on y descend des tuyaux et on les scelle avec du ciment. Pendant le séchage du ciment, la machine de forage se déplace pour faire la même opération sur le deuxième puits. Ce cycle est répété trois fois, chaque nouvelle tranche utilisant des tuyaux d'un diamètre légèrement plus petit. Cette méthode d'emboîtement successif rend les parois robustes (le premier tiers du puits se retrouve ainsi renforcé par trois couches de tuyaux), tout en permettant de réutiliser les boues de forage qui sont spécialement formulées en fonction des couches géologiques traversées.

Une autre particularité de cet ouvrage est la réalisation d'un doublet multi drains, doté de 3 « jambes » (ou drains) au niveau du Dogger, afin de maximiser les échanges avec l'aquifère et atteindre le débit d'exploitation souhaité. Le débit attendu est d'environ 400m³/heure et la production d'énergie annuelle est estimée à 92 GWh.

Le projet représente un investissement de 33,5 M€. Il permettra une économie de 20 300 tonnes de CO₂ par an (l'équivalent de 11 500 A/R Paris-New York en avion) et permettra de produire une énergie locale qui ne nécessite pas de transport, bénéficiant d'un prix plus stable, moins dépendant des fluctuations du marché des énergies fossiles, et d'une TVA réduite à 5,5 %.

Un soin constant est apporté à la réduction des nuisances pour les riverains tout au long du chantier, avec notamment la mise en place d'un mur antibruit pour limiter les nuisances sonores pendant la phase de forage.

Après les travaux, une attention particulière sera portée à l'aménagement paysager du bâtiment des centrales géothermiques VerdY et Géomy³ et des puits de forage afin de les intégrer dans le paysage de la plaine de Versailles, en respectant l'identité historique et naturelle du site.

L'AFITE souhaite remercier la direction Réseaux Île-de-France d'ENGIE Solutions ainsi que les personnes qui ont permis l'organisation et nous ont accompagné lors de cette visite.

Plus d'informations sur le site internet du projet : www.rezomee.fr/verdy

Publié le 12/11/2025