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LES SOURCES DU NORD - Promenade-conférence : Les Eaux de Belleville (19e et 20e arrondissements), le 19 mars 2025

L'AFITE organisait, le 19 mars 2025, une promenade-conférence sur le trajet des Eaux de Belleville, ensemble d'aménagements hydrauliques créés à partir du XII° siècle, permettant de canaliser les eaux des sources de la colline de Belleville (19e et 20e arrondissements).

L'appellation « Sources du Nord » désigne l'ensemble des captages et des réseaux associés (pierrées, drains, rigoles, canalisations et regards) réalisés à partir du XI° siècle sur les hauteurs de Belleville, de Ménilmontant et du Pré-Saint-Gervais par les communautés religieuses installées en dehors des limites de la ville de Paris et autres propriétaires de terrains sur ces collines pour alimenter en eau leurs établissements.

Louis TESSON précise dans le « Rapport sur l'aqueduc de Belleville »1 qui figure au procès-verbal du 6 octobre 1898 de la Commission municipale du Vieux Paris dont il était secrétaire : « La butte de Belleville est, à sa surface, formée géologiquement d'une façon homogène et à peu près uniforme. Le sol immédiat est sablonneux et recouvre à peu de profondeur une masse de marnes vertes imperméables ; cette disposition fait que les eaux répandues à la surface sont rapidement parvenues, après infiltration, à la couche de marne sur laquelle elles glissent et forment une nappe dont l'importance varie suivant l'humidité de l'atmosphère et l'abondance des pluies. ». Cette particularité géologique explique le nom du village de Belleville au XV° siècle : « Belleville-sur-Sablon »2. Il faut préciser qu'il ne s'agissait encore que d'un hameau entouré de coteaux de jardins et de vignes et que les aqueducs cheminaient à travers les cultures.

Les Sources du Nord forment 2 groupes distincts :

  • « Les eaux de Belleville » qui alimentaient en particulier le prieuré de Saint-Martin-des-Champs (actuel Conservatoire des Arts et Métiers) et le Prieuré hospitalier du Temple situé à proximité de l'actuelle station de métro du même nom.

  • « Les eaux du Pré-Saint-Gervais » exploitées par les moines de la léproserie de l'enclos Saint-Lazare, sur le versant Nord des collines, qui feront l'objet d'une seconde visite organisée au second semestre.

L'approvisionnement en eau des Parisiens était à l'époque principalement assuré par la Seine3 et quelques puits privés.

Lorsque Philippe-Auguste (1165-1223) arrive au pouvoir en 1180, il veut faire de Paris la plus grande ville d'Europe. Il fait construire une enceinte qui portera son nom et développe un grand marché muni de halles, à l'emplacement actuel des Halles. Pour accompagner ces développements, il réaménage les sources du Nord et fait édifier un troisième aqueduc dit de Belleville, afin d'alimenter les trois premières fontaines publiques de Paris : la fontaine Maubuée4 située rue Saint-Martin, la fontaine des Innocents, située au centre de l'ancien cimetière du même nom, et la fontaine des Halles.

En 1364, le réseau passe entièrement sous l'autorité de la ville, qui développa un réseau municipal et, au fil du temps, fit construire, rénover et restaurer la plupart des aqueducs et des ouvrages dont il reste les vestiges aujourd'hui.

Ces infrastructures alimentèrent les Parisiens de la rive droite pendant prêt de cinq siècles, mais ces eaux n'étaient réputées ni pour leur qualité, ni pour leur quantité (on considère qu'elle fournissait, au mieux, 2 litres d'eau par jour par habitant).

À ce réseau s'ajoute un captage situé à proximité de l'actuelle Place des Fêtes et un aqueduc indépendant, qui se juxtapose au réseau existant, réalisé à partir de 1611 (en réutilisant un réseau qui avait desservi l'hôtel Saint-Pol, puis exploité par les Célestins) pour alimenter l'hôpital Saint-Louis fondé en 1607. Il alimentait un réservoir de pierre d'une capacité de 285 m³, construit en 1669, qui existe encore aujourd'hui, rue Juliette Dodu. Une partie de cet aqueduc, dont l'emplacement avait été totalement oublié, a été mise à jour et sauvegardée grâce à l'action de l'ASNEP (Association Sources du Nord Études et Préservation). Les efforts de l'association ont également abouti au classement de l'ensemble des regard et aqueduc des eaux de Belleville le 6 février 2006 ou encore à la dénomination de la place des Sources-du-Nord, inaugurée le 20 octobre 2012.

Outre cette place, la toponymie du quartier garde encore la trace de cette histoire : rue des Cascades, impasse et rue de la Mare, rue des Rigoles, Place des Grandes Rigoles ou encore rue de la Duée (appellation ancienne définissant une source jaillissante)...

Afin de repérer l'emplacement des aqueducs en surface et faire respecter les servitudes aux abords de ces ouvrages (interdiction de planter des arbres et de bâtir des constructions), des bornes de pierre marquaient le tracé des conduites souterraines. Certaines de ces bornes existent encore, par exemple rue de Savie, à proximité du regard Saint-Martin.

En 1737, lorsque le « Grand Égout » en pierre de Turgot fut édifié, on déversa la totalité des eaux, jugées impropres à la consommation, dans le réservoir du Calvaire, d'une contenance de 6 000 m³, inauguré en 1740 par le roi Louis XV, à l'emplacement de l'actuel Cirque d'Hiver, pour le nettoyage de l'égout par une chasse périodique.

En 1773, les eaux sont à nouveau déviées pour alimenter l'Hôpital Saint-Louis, qui connaît un afflux de malades suite à l'incendie de l'Hôtel-Dieu en 1772, mais sa qualité est si mauvaise qu'elle ne permet pas l'usage pour la boisson, ni même pour la cuisson, ce qui nécessite de faire venir de l'eau de la Seine à grands frais.

Si bien qu'au XIX° siècle, avec l'arrivée de l'eau du canal de l'Ourcq (une concession gratuite d'eau d'Ourcq est faite à l'hôpital Saint-Louis en 1832), les eaux de Belleville furent abandonnées et déversées dans les égouts.

Outre l'eau de la Seine ou des fontaines publiques (ou marchandes), l'alimentation en eau des Parisiens fut également assurée par la pompe de la Samaritaine sur le pont neuf (1608), l'aqueduc Médicis sur la rive sud5 (1623), la pompe du pont Notre Dame (1676), la pompe à feu de Chaillot (1781), la Pompe à feu du Gros Caillou (1788), le Puits artésien de Grenelle (1841) et celui de Passy (1861), avant les aqueducs modernes mis en service par Eugène Belgrand à partir de 1865.

 

Les principaux ouvrages qui jalonnent le réseau sont les suivants :

Le Regard de la Lanterne :

  • Ce regard construit entre 1583 et 1613, est « la tête » de l'ancien système des Eaux de la Ville. Il est classé monument historique depuis 1899.

  • La visite de l'intérieur du regard permet d'observer une partie de la section n° 1 du Grand Aqueduc de Belleville.

L'Aqueduc Saint-Louis :

  • Une borne de repérage et un tronçon de l'aqueduc Saint-Louis ont été sauvegardés à proximité de la place des Fêtes.

Les Eaux de Savies (Eaux de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs et du Temple) :

  • Le Regard Saint-Martin (classé MH depuis 1899) construit au XVII° siècle desservaient les religieux de Saint-Martin-des-Champs et les religieux du Temple. Ils avaient passé un accord pour répartir entre eux les eaux et les frais d'entretien du réseau comme le précise la plaque en latin placée au-dessus de l'entrée du regard.

Les autres regards de la rue des Cascades :

  • Les regards des Petites-Rigoles, de la Roquette et des Messiers. Ces derniers appartenant au réseau qui alimentait l'abbaye de Saint-Antoine des Champs, puis le domaine de la Roquette à partir du XVI° siècle.

 

Section n° 1 du Grand Aqueduc de Belleville

Section de l'aqueduc Saint-Louis à proximité de la place des fêtes

Conduite acheminant les eaux de Savie jusqu'au regard Saint Martin

Escalier intérieur du Regard de la Lanterne

 

Nous remercions Jean-Luc LARGIER, Président de l'ASNEP, qui accompagnait cette visite, et disposait d'une documentation grand-format (plans, illustrations anciennes, photos ...) utilisée tout au long de la promenade pour illustrer ses commentaires.

Pour plus d'information, on peut se procurer, auprès de l'ASNEP, une plaquette de 16 pages réalisée par l'association intitulée « Les Sources du Nord - Promenade et Découverte » (asnep@free.fr).

Plan des eaux de Belleville en 1898, extrait d'un procès-verbal de la Commission du Vieux Paris.
Bibliothèque nationale de France, Domaine public

 


1https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58215616/f6.item

2« Bellavilla super Sabulum » en latin. Ce lieu a, successivement ou simultanément, porté les noms de Savy ou Savies (ou Saviacum, Savium, Saviae, Savis, Savegium...), Poitronville, Belleville-sur-Sablon, Belleville-lès-Paris et enfin Belleville. (Belleville : histoire d'une localité parisienne pendant la Révolution. Dr Ph. Dally. 1912)

3Acheminée, le cas échéant par des porteurs d'eau. Il en existait deux catégories : à Bretelles ou à Tonneaux. Ce métier difficile, principalement exercé par des Auvergnats perdura jusqu'à la première guerre mondiale.

4Son nom viendrait d'une altération de « Mauvaise buée » ou « mauvaise lessive », en raison d'une eau très dure, qui lave mal et de piètre qualité.

5Voir « Innovations Environnement » N°12, page 21.

 


Publié le 31/03/2025




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