Visite de la nouvelle station d’épuration du SIAH à Bonneuil-en-France, le 20 octobre 2023

L'AFITE organisait vendredi 20 octobre 2023, à l'attention de ses membres, la visite de la station d'épuration de Bonneuil-en-France. La station vient d'être entièrement modernisée afin d'augmenter sa capacité et de répondre aux besoins croissants du territoire.
Le Syndicat Mixte d'Aménagement Hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne (SIAH) est un service public qui répond à deux objectifs : la lutte contre les pollutions des cours d'eau et la lutte contre les inondations. Le territoire d'action du SIAH, d'une superficie de 20 000 hectares, correspond aux bassins versants du Croult et de son principal affluent, le Petit Rosne, sur lesquels se répartissent 35 communes de l'Est du Val d'Oise. La rivière Croult se rejette à Bonneuil-en-France dans la Morée pour former la Vieille Mer, laquelle se jette dans la Seine à Saint-Denis.
Le SIAH assure sur ce territoire la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Gestion des Inondations). Elle concerne les cours d'eau, les zones humides, les plans d'eau, leur entretien et les moyens de les aménager pour améliorer la biodiversité, la continuité écologique et la défense contre les inondations (aménagement, gestion de bassins de retenue...).
Plusieurs communes (26 au 1er janvier 2024) ont également transféré au SIAH la compétence de collecte,des eaux pluviales et des eaux usées Dans ce cadre, le syndicat a la charge de l'entretien et de la rénovation des réseaux et de la conformité des branchements.
Dans le cadre de sa compétence « traitement des eaux usées », le SIAH possède et gère la station de dépollution « Bernard CHOLIN », localisée à Bonneuil-en-France, à l'ouest du Bourget, construite en 1995, mise en service en 1997 et qui était dimensionnée pour dépolluer quotidiennement 55,5 millions de litres d'eaux usées, avec notamment une unité de traitement et de méthanisation des boues.
L'augmentation du nombre d'habitants dans l'est du Val d'Oise et les nouveaux projets commerciaux et économiques ont rendu nécessaire d'augmenter la capacité de traitement de la station de dépollution et des travaux de grande ampleur ont été initiés à partir de 2019 afin de porter sa capacité de 300 000 à 500 000 Équivalents Habitants. La station a poursuivi son travail de traitement des eaux usées pendant toute la durée du chantier.
La station se compose, de manière classique, d'une phase de prétraitement (Dégrillage - Dessablage / Déshuilage, Tamisage), d'une phase de traitement des eaux (Décantation primaire lamellaire - Traitement biologique (procédé HybasTM de Véolia : procédé à boue activée à film fixe intégré (IFAS)) - Clarification - Déphosphatation - Décantation lamellaire tertiaire) ainsi que d'une phase complète de traitement des boues (Épaississement / hydrolyse thermique (pour augmenter le pouvoir fermentescible des boues) - Digestion anaérobie - déshydratation). Les boues produites sont envoyées dans un centre de compostage agréé qui produit un compost normé.
Toutes les étapes du traitement des eaux et des boues étant réalisés dans des bâtiments fermés (en raison notamment de la proximité de l'Aéroport du Bourget), la station est également équipée de deux unités de traitement de l'air : un traitement physico-chimique par lavage, avec plusieurs réactifs : acide sulfurique, eau de javel et soude, et pour certains ouvrages de la file boues (épaississement, digestion) les odeurs sont traitées par voie biologique sur un lit de charbon actif.
Les travaux de modernisation de la station s'accompagnent d'une nouvelle unité de digestion qui permettra de réinjecter jusqu'à 13 GWh/an de gaz vert dans le réseau, soit la consommation de gaz annuelle de 2 600 logements neufs chauffés au gaz.
Un projet d'unité de méthanation a été envisagé sur le site. L'objectif de cette technologie est de capter le surplus de CO2 issu du processus de méthanisation et de le coupler à de l'hydrogène afin de produire du méthane de synthèse injectable dans les réseaux de distribution de gaz naturel. Cela permettrait d'augmenter la production d'énergie renouvelable du site tout en réduisant les émissions de CO2 produites. La production d'hydrogène sur le site de la station n'est, à l'heure actuelle, pas économiquement viable, mais d'autres pistes sont à l'étude, notamment avec un syndicat de déchets, le Sigidurs, et le syndicat d'énergie Sigeif.
Une unité de récupération de calories contenues dans les eaux usées permet de fournir l'eau chaude répondant aux besoins en eau chaude et chauffage de l'usine à l'aide d'une pompe à chaleur.
Un réseau de chaleur à Garges-lès-Gonesse, dont la mise en service est prévue en 2025, associera la géothermie (à hauteur de 65 %) à la valorisation de la chaleur fatale issue de la station d'épuration du SIAH (35 %).
Enfin, un projet de panneaux photovoltaïques sur les terrasses de la station est également en maîtrise d'œuvre pour une mise ne place en 2024.. Ils permettraient de produire jusqu'à 10 % de la consommation en électricité de la station, qui s'élève actuellement à 12,5 GWh/an.
L'augmentation de la capacité de la station a également nécessité la réalisation d'une canalisation « ultra-bas carbone » de fabrication française afin de rejeter les eaux traitées dans la Seine via un collecteur d'eaux pluviales situé à Dugny. Les tuyaux préfabriqués dans l'usine de Capremib à côté de Reims ont une empreinte carbone plus faible que celle des bétons usuels, grâce à l'utilisation de laitier en remplacement d'une part du clinker dans le ciment qui le compose. Cette canalisation a été réalisée sans tranchée par un microtunnelier d'un diamètre de 1,60 m, afin de réduire les impacts pour les riverains, dans un environnement urbain très réduit, à proximité d'espaces naturels, classés en zone Natura 2000, tels que le parc de la Courneuve et de plusieurs milieux humides à préserver comme la Morée et le Croult. Ce projet constitue un défi technique et une première mondiale. Il a été réalisé par un groupement d'entreprises comprenant Bessac (mandataire), Soletanche Bachy Fondations Spéciales et Setec Hydratec en maîtrise d'oeuvre (Assistance à maîtrise d'ouvrage Artelia).
Le marché de Conception-Réalisation-Exploitation-Maintenance (CREM) pour l'extension de la station de dépollution a été attribué à un groupement OTV (mandataire, filiale de Veolia), Sources, Demathieu Bard, Eiffage, Lelli Architectes, Egis, Berim. Il représente un investissement de 217 millions d'euros TTC. Sans compter les 60 millions d'euros (hors taxes, hors révisions) nécessaires au fonctionnement de l'usine pendant et après les travaux, durant les 10 années du marché, soit entre 2017 et 2027. Pour financer cette opération, 76 millions ont été empruntés auprès de la banque européenne d'investissement. L'agence de l'eau a injecté 63 millions d'euros dont 18 millions de prêts à taux zéro et l'Ademe 430 000 euros. Le reste a été financé sur les fonds propres du syndicat, qui a notamment bénéficié de la hausse continue de la redevance assainissement depuis une dizaine d'années.
L'AFITE remercie Eric Chanal, ingénieur territorial, Directeur du SIAH, François Quadri, responsable communication - animateur environnement et Vanessa Guyonnet, responsable du service STEP & industriel, pour leur accueil et leur disponibilité.
Pour en savoir plus :
https://www.siah-croult.org/
https://www.lastationdusiah.fr/
Publié le 18/12/2023
Tweet
| << Novembre 2025 >> | ||||||
| L | M | M | J | V | S | D |
| 1 | 2 | |||||
| 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 |
| 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 |
| 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 |
| 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
| État des lieux de la transition énergétique des flottes de pêche et d'aquaculture françaises | ![]() |
| La biodiversité des milieux marins et littoraux français | ![]() |
| C'est l'eau qu'on assassine | ![]() |
| Les politiques publiques de santé environnementale | ![]() |
| FNADE GENTIL Sophie |
![]() |
| EY DEVINE Colm |
![]() |
| Ministère de la Transition écologique CUVELIER Thomas |
![]() |
| Ministère de la Transition écologique BARBUT Monique |
![]() |






























